L’histoire de Saint-Léonard – Du Vè au Xè siècle

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Au VIIe siècle, à l’époque gallo-romaine, la vallée de la Meurthe était habitée. Une voie traversant les Vosges passait par Saint-Dié et par notre village, suivant le cours de la Meurthe pour gagner le Col du Bonhomme. Un forum existait à Saint-Dié.

Au Ve siècle, les Barbares venus de Germanie passèrent le Rhin en chassant les populations. Saint-Dié et les environs furent ravagés et la vallée reprit son aspect sauvage. Une partie de la population avait trouvé refuge dans l’immense forêt.

Au pied de l’Ormont l’évêque Déodat, venu d’Alsace vers 660, bâtit deux églises et un monastère. Il avait trouvé la vallée si belle qu’il l’avait appelée Val de Galilée.
Il attira près de lui ce qui restait de la population. Il obtint du roi d’Austrasie Childéric II la donation en toute souveraineté du Val de la Meurthe comprenant les vallées de la Haute-Meurthe, de la Morte et de la Fave, c’est-à-dire à peu près les cantons actuels de Saint-Dié, Fraize et Provenchères. Il envoya partout ses disciples. Les moines sont à l’origine du peuplement et de la prospérité de la région.

Un moine vint construire son ermitage au point de jonction des vallons de la Bellegoutte et de Sarupt sur les bords de la Meurthe. L’accès en était facile, riche en herbages bien exposés au soleil. Ainsi naquit Saint-Léonard. D’autres moines firent de même en remontant la Grande-Meurthe, la Petite-Meurthe, et la Fave ; dix-huit églises furent construites.

A quelle époque fut bâtie notre église pour remplacer l’oratoire primitif. Au XIe ou au XIIe siècle ? Mais nous savons qu’elle existait en 1342. Un titre du chapitre conservé aux archives départementales relate l’acquit par Burnequin de Parroy, chanoine de Saint-Dié, de cent coudées de terres hypothéquées, d’une maison derrière l’église et d’un moulin moyennant 120 livres de bons petits tournois. Cette église de 1342 a dû subir au cours des siècles plusieurs reconstructions. Une pierre faisant saillie à deux mètres du sol portait la date de 1500. L’église que nous avons connue portait sur le côté la date de 1705. Le clocher, comme beaucoup dans notre région, était à bulbe comme ceux de Pologne et datait du règne du roi Stanislas. Elle a été dynamitée en 1944.

En 960 l’abbaye de Saint-Dié avait fait place au chapitre composé de vingt-quatre chanoines gouvernés par un grand prévôt, élu qui veillera sur ses destinées jusqu’à la Révolution. Le chapitre était de « nul diocèse », il dépendait directement du Saint-Siège. Il portait la crosse et la mitre. C’était un fief ecclésiastique comme il en existait plusieurs dans la région, (les abbayes de Senones, Etival, Moyenmoutier et le chapitre des dames nobles de Remiremont).

Photo : Col du bonhomme


Le chapitre s’était réservé la plus grosse part des dîmes qui se prélevaient sur les grains, le gros bétail et les charrues. En compensation il était tenu de payer aux curés soit en argent soit en grains une portion dite congrue. Les curés d’ailleurs se plaignaient de la rapacité du chapitre. Sur leur plainte une enquête est menée en 1565 (retrouvée dans les registres des antiquités à Saulcy-sur-Meurthe, qui autrefois était rattaché à la cure de Saint-Léonard).

Le chapitre avait les mêmes prérogatives que les seigneurs laïcs. Il battait la monnaie, rendait la justice et commandait en maître. Les habitants étaient tous des « serfs » attachés au sol et ne pouvaient le quitter pour habiter ailleurs. Ils étaient soumis à des obligations rigoureuses comme celle qui consistait en un nombre de jours de travail que tout serf devait au seigneur.